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15/11/2022

Route du Rhum : Le journal de bord de William Mathelin-Moreaux  

William Mathelin-Moreaux a franchi la ligne d’arrivée de la Route du Rhum le samedi 26 novembre à 8h38’08’’ (heure locale à Pointe-à-Pitre). Tout au long de son voyage, ce dernier nous a livré des anecdotes, moments de vie, et nouvelles de sa traversée. Grâce à ce journal de bord, revivez la course du skipper, comme si vous étiez vous aussi à bord su Class40Dékuple.

Jour 1 : mercredi 9 novembre

« Tout roule à bord après un départ intense et pas mal de manœuvres, notamment à cause d’un casier qui s’est mis dans la quille juste après le départ et m’a fait perdre du temps et de l’énergie. Depuis, je me donne à fond pour combler mon retard.
Nous sommes sur le dernier tronçon côtier avec quelques coups à jouer, contre le courant : il ne faut pas rester inactif trop longtemps ! J’ai pu dormir 40 minutes et bien manger pour être d’attaque.
Nous avons suivi en direct, à la VHF, le malheureux échouage d’Antoine Magré qui nous a fait froid dans le dos… Heureux que l’opération se soit bien déroulée, tout avait l’air sous contrôle et Antoine a fait preuve d’un incroyable sang froid. Grosse pensée pour lui, surtout face à notre impuissance dans ce genre de moments avec nos bateaux. De mon côté, je poursuis ma route au sein du peloton ! »

Jour 3 : vendredi 11 novembre

« C’est le temps de planter des pieux ! Nuit agitée avec beaucoup de vent, comme prévu. Après avoir mis le cap vers le sud-ouest pour aller à l’encontre du front puis descendre au sud, nous sommes dedans !

L’heure est au près, dans l’inconfort total de nos bateaux, mais c’est le jeu ! Il faut tenir la cadence et rester dans le rythme, préserver le bateau car la route est longue. J’essaye de trouver le bon curseur entre vitesse et sécurité car ça tape énormément.

On ressent néanmoins un certain niveau de jeu global qui promet un très beau match jusqu’à la fin. Le bateau va bien, le bonhomme aussi, j’essaye de dormir au maximum dès que je peux pour récupérer du départ et être reposé pour quand il faudra mettre du charbon.
Petite galère hier soir, avec le rail d’écoute  qui commençait à s’arracher : une vraie opération chirurgicale pour le renforcer ! Ce matin, il est sécurisé, à surveiller… J’ai aussi un aérien qui a lâché cette nuit, à cause des chocs. Une grosse vague, un atterrissage violent, et pouf, plus de données ! Heureusement le deuxième est là !
Sinon ça va, j’espère descendre au sud dans la journée. À nous les maillots de bains !

Je n’ai finalement pas eu beaucoup le temps de dormir cette nuit avec toutes ces occupations, ni d’ouvrir mes cadeaux d’anniversaire. Ce sera pour aujourd’hui j’espère ! »

Jour 5 : dimanche 13 novembre

« Me voilà sorti de la première grosse dépression qui nous est passée dessus cette nuit. J’ai eu jusqu’à 45 noeuds et une mer pour le moins inhospitalière… Le bateau n’est plus à 100% car je dois faire face à quelques pépins techniques depuis deux jours. La suite s’annonce coriace également, avec une nouvelle dépression ce soir. Plus de 40 noeuds encore annoncés. Cela va être un des points critiques de la course. Je garde le moral et je pousse la machine ! »

Jour 6 : lundi 14 novembre

« J’espère que vous profitez bien de vos couettes et de vos savates car ici, on en aurait bien besoin !
Le front qui a sévit cette nuit et ce matin a été pour le moins épique : beaucoup de vent, 45 noeuds, au près avec d’énorme vagues déferlantes.
Le plus dur est passé, le bateau est presque indemne. J’y ai fait attention, même si on ne peut pas toujours tout contrôler. La route est encore longue, nous filons vers le Sud ! »

Jour 7 : mardi 15 novembre

« Bientôt les Açores ! Les dernières 24 heures ont été assez intenses avec ce dernier passage de front. Nous avons eu le droit à une mer assez chaotique, vraiment dangereuse pour les bateaux avec quelques déferlantes. Il a fallu être attentif constamment mais c’était une bonne chose à faire. Nous pouvons maintenant (enfin) faire route vers les chaleurs tropicales et faire sécher le bateau qui ressemble plus à un bain de pieds qu’autre chose.  Je profite aussi de ce bord tout droit pour me changer, me sécher, peut-être une douche demain, qui sait ? Pour vous raconter mon état de fatigue hier soir, j’avais déjà eu quelques hallucinations auditives et cette nuit, j’étais tellement plongé dans mon rêve que j’ai cru que nous étions trois à bord du bateau. Je me suis mis à chercher, à me dire qu’ils allaient revenir. Bref, je suis allé me recoucher très vite ! En tous cas, le bilan est positif même si le bateau a quelques bobos. Tout est maitrisé à part ce manque d’aérien irremplaçable. Le moral est plus que bon et j’ai hâte de vous montrer la suite ! »

Jour 8 : mercredi 16 novembre

« Petit passage proche de la terre, sans s’arrêter, ça fait toujours un peu bizarre ! Les paysages étaient magnifiques hier soir, on retrouve des odeurs, on aurait presque envie de se faire un petit stop au resto et repartir !

Plus sérieusement, j’ai la chance de ne pas avoir besoin de faire escale comme beaucoup de mes camarades. Je croise les doigts pour continuer comme ça…

La nuit a été assez compliquée, avec un passage à l’Est des Açores, sauf que je suis passé 1 mille trop près et j’ai subit une grosse pétole qui fait mal aux nerfs quand on voit les autres foncer et passer de l’autre côté ! Cela m’a permis néanmoins de vérifier quelques parties du bateau dans des conditions plus clémentes.

Maintenant, route vers la Guadeloupe !! Cette fois-ci c’est la bonne ! Encore 24 heures à passer dans un dernier front au près et le soleil devrait être pour demain ! Hâte de sortir mes plus beaux atours, de type maillot de bain et autres chapeaux.  »

Jour 10 : vendredi 18 novembre

Atelier bricolage et premières glissades à bord de Dékuple ! William continue de s’accrocher au Top 15 des Class40, alors qu’il navigue depuis plusieurs jours en mode dégradé suite à la perte de son aérien, outil indispensable à la réception des données de vent et donc aux réglages de son bateau. Sa performance n’en est que plus INCROYABLE !

« Nous voilà dans les glissades de l’Ouest, le soleil, la houle et les surfs sont au rendez-vous de cette première journée ! Ça glisse, ça glisse, ça glisse ! On a l’impression que toute la flotte est affamée !

Il faut tenir le rythme, la motivation est là. Hier, après avoir installé mon aérien de rechange à l’arrière du bateau, j’ai dû faire une bonne série de calibrages en tout genre car ce dernier faisait de sacré zig-zag. Cela m’a pris une bonne partie de la nuit. Mais c’est bon, j’ai trouvé quelque chose et suis allé dormir rapidement. Autrement, j’aurais vu des vaches à l’avant du bateau je pense !!

Le programme est assez simple pour la suite : tout droit ! Quelques changements de voiles évidemment, mais ça va être une course de vitesse. Il ne faut rien casser ! À l’attaque ! »

Jour 11 : samedi 19 novembre

« Ça y est, la petite cellule compliquée est quasiment passée ! Ça bouchonnait sur le périph’ cette nuit, pire qu’un 15 août. 💨

On s’est un peu rassemblés, mais j’ai du mal à trouver la vitesse. On a eu le droit a un festival de grains hier, sous toutes leurs formes : moyens, petits, foncés… ils n’étaient pas très violents, le spectacle était magnifique, mais c’était dur de trouver la bonne voile avec toutes ces rotations. ⛈

Mais bon, c’est génial de glisser vers le Sud, le bateau va bien et le bonhomme aussi. Je me suis aperçu ce matin, à la lumière du jour, que j’avais un gros bout de filet coincé en bas de la quille. Pas top top pour la vitesse ! J’ai fait une marche arrière et m’en suis libéré. Je n’ai en revanche pas réussi à le récupérer…

Autrement, j’ai l’impression que l’heure de la première douche a sonné !!  »

Jour 12 : dimanche 20 novembre

« Amis des grands jours, bonjour ! On peut le dire vraiment : ça glisse ! Et la bataille fait rage à l’arrière, dans le deuxième groupe, d’une intensité rare. On se croirait sur une régate de saison, avec de tout petits écarts. C’est super, ça motive et pousse à rester encore plus attentif, on se tire vers le haut !

La journée d’hier a permis de faire un bon break, de sécher le bateau, profiter des paysages et des supers glissades, de bien manger et prendre ma divine première douche. Ç’a été l’occasion de faire plaisir à tout le quartier !

Un plaisir en entraînant un autre, le coucher de soleil est arrivé et j’étais loin de m’attendre à la nuit que j’allais passer. Un festival du grain. En veux-tu en voilà ! Des petits des moyens des énoooormes. Bref, j’ai dormi 10 minutes. Je pensais que c’était terminé ces bêtises !

Nous voilà repartis au lever du jour, avec un bon petit dej’ dans le ventre et la patate ! »

Jour 13 : lundi 21 novembre

« Good morning everybody !

Quelques nouvelles du Class40 Dékuple qui surfe, surfe et re surfe.

Le rythme est assez effréné par ici mais je m’adapte. J’ai eu du mal à trouver le sommeil ces derniers jours à cause des grains mais je profite dès qu’il y a un moment calme pour aller m’allonger quelques instants. La nuit a été assez claire et j’en ai profité pour me reposer un maximum entre deux réglages.

Le vent est très changeant en force et en direction donc il faut être constamment aux aguets. À part ça c’est globalement tout droit. Demain on va devoir faire un petit contre bord pour se recaler plus au nord je pense (mais chuut). Notre groupe commence à un peu s’étaler même si ça reste serré, en tout cas personne ne lâche l’affaire.

Côté technico-technique, j’ai eu un souci de safran hier, la rotule de safran, c’est-à-dire la pièce qui fait la liaison entre la barre et le safran, a cassé. Je la surveillais depuis un moment mais là, patatras ! Le bateau n’avait plus aucune direction, sous spi évidemment, et est parti au loffe (s’est couché sans prévenir). J’ai donc affalé le spi pour redresser le bateau.

Me voilà reparti à toute berzingue ! »

Jour 14 : mardi 22 novembre

«Bonjour à tous ! Message du matin !

La journée d’hier n’a pas été évidente à cause de la météo avec encore énormément de grains à répétition. Je n’en ai jamais eu autant à la suite depuis le début. Mais il faut composer avec et c’est pareil pour tout le monde !

Après avoir changé ma rotule de barre qui avait lâché dans la journée, j’ai repris du service, surmotivé à combler le retard que j’avais pris, je me suis lancé dans une grosse nuit avec du rythme et de la vitesse. Ça a été génial ! Ces machines sont quand même incroyables dans ces conditions de surfs endiablés. Il faut être présent car la petite vague qui fait enfourner fort le bateau peut abîmer le matériel.

Bref, une nuit sous les étoiles, avec du rythme, du plaisir… et patatras ! Ce matin, pendant que je prenais un bon petit déjeuner, comme vous à la maison : le bateau entre en survitesse à 25 noeuds dans une vague et atterrit le nez dans l’eau. Il y a alors eu une énorme surcharge sur le spi et celui-ci, paix à son âme, nous a rendu la sienne. Petite déception, ni une ni deux je réagis pour aller le récupérer, installer une autre voile à la place pour continuer d’avancer, le Gennaker, plus petit, et je m’attelle à présent à réanimer ce spi si important !
À nous le bricolage !

Sinon il fait très beau, je suis encore en salopette car le bateau est constamment sous l’eau mais je prend beaucoup de plaisir et je me réjouis de ces trois derniers jours !

Jour 16 : jeudi 24 novembre

«Superbe journée hier avec des gros surfs inoubliables, j’ai pris beaucoup de plaisir à barrer pour accélérer un peu, vu que j’ai une voile en moins. Finalement ce n’est pas si handicapant pour le moment. Je vais tester ma voile réparée aujourd’hui, en croisant fort les doigts pour que cela tienne.

La nuit elle a été plus complexe que prévue avec encore de gros grains à gogo, on en discutait par Whatsapp avec les autres concurrents pour dire que la prochaine fois on demanderait sans l’option grains dans le menu !
Pour l’anecdote, un grain assez violent est arrivé quand je sortais d’une sieste, je suis sorti du bateau et à ce moment-là, ce dernier s’est couché et un sac de matossage est passé 10 cm devant mon faciès. Un sac avec des extincteurs, une ancre etc. Du lourd. Celui-ci n’ayant pas voulu s’arrêter sur moi, a continué sa route sur l’écran de l’ordinateur. Paix à son âme, lui aussi. Du coup ce n’est pas très pratique mais j’ai un backup via l’Ipad du bord.

Sinon je commence à regarder les différentes météos prévues autour de l’île, il va falloir être en forme à ce moment-là parce que pour l’avoir déjà fait, c’est intense et il faut pouvoir être concentré ! Je devrais arriver demain dans la soirée au nord de l’île. »

Jour 17 : vendredi 25 novembre

« Ça glisse toujours dans les Alizés !

Ça fait bizarre parce que depuis hier après-midi nous sommes rentrés dans un Alizé beaucoup plus faible que ce qu’on a eu auparavant. C’est la première fois que le bateau n’est pas constamment recouvert d’eau. Ça fait du bien mais du coup on regrette un peu les gros surfs !

On se rapproche aussi de l’arrivée donc c’est génial. Ce petit temps calme permet de repenser à tout ce qui s’est passé sur ce projet et sur cette course, de faire un petit point, même s’il est un peu tôt pour le faire car en réalité le tour de l’île n’est pas un morceau évident à croquer ! J’espère ne pas être trop mal servi !

Bref en attendant je reste focus à fond sur les réglages car il pourrait bien se passer encore des choses au niveau du classement. C’est sympa, ça garde un côté course jusqu’au bout !

J’ai commencé à bien me reposer hier soir en vue de ce dernier run, ranger un peu le bateau pour que ce ne soit pas trop le foutoir et matosser un peu aussi. Il commence à faire très, très chaud ici, depuis le début j’étais étonné de la température agréable, mais là c’est un vrai four, je suis en maillot de bain toute la journée et le moindre mouvement dans le bateau est synonyme de perte de 3L d’eau.

J’ai hâte d’être à ce soir au nord de l’île ça va être génial ! En attendant j’écoute de la musique, des podcasts, je déjeune, j’essaie de finir les 10 jours de bouffe en trop qu’il me reste pour alléger le bateau : on parie ? »

Jour 18 : Samedi 26 novembre

« Ça s’arrête, ça glisse, ça s’arrête… La concentration est à son maximum pour tirer parti de la moindre risée. Lorsque l’on se croit tiré d’affaire, ce n’est pas forcément le cas, mais je m’accroche ! Je vise la bouée, c’est déjà bien ! »

Arrivée : le samedi 26 novembre à 8h38’08’’(heure locale)

 » Je suis vraiment très content d’être arrivé, d’être allé au bout de cette course. On ne pensait pas que ça allait être aussi difficile, aussi tonique et aussi rythmé pendant toute la traversée. J’ai rarement fait une course avec autant d’intensité de A à Z. Il y avait un niveau général qui était énorme donc pour tenir le rythme, il fallait aussi être dedans tout le temps. »

Vous voulez en savoir plus sur l’arrivée de William ? Découvrez notre article ici.

 

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